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LICK

LICK, le 1er réseau de distribution dédié aux objets connectés

Interview de Stéphane Bohbot, Président du groupe INNOV8 et fondateur de LICK, premier réseau de distribution dédié aux objets connectés, smartphones et accessoires tendance
4 février 2015

Echo Conseil

Stéphane BOHBOT
Président d’INNOV8

En 2014, INNOV8 a lancé LICK, le premier réseau de boutiques 2.0 dédié aux objets connectés, smartphones et accessoires tendance. La nouvelle enseigne compte déjà dix-sept boutiques. Découverte.

Quelle est la vocation de LICK ?

Créer un univers entièrement dédié aux objets connectés. Nous voulons que les consommateurs prennent contact avec ces produits dits techniques en les testant. Nos boutiques ne sont d’ailleurs pas animées par des vendeurs mais par des « community coachs » dont le rôle est de faire de la pédagogie, de placer les objets entre les mains du client pour lever toute appréhension. L’utilisateur doit être rassuré, comprendre que le produit sera « plug and play » avec, pour télécommande, son smartphone. Nos magasins ouvrent sur des domaines aussi variés que le sport, la santé, le bien-être, la maison, le divertissement, le multimédia, les « wearables », les vêtements mais aussi des grandes marques de smartphones. Aujourd’hui, l’offre crée la demande et les objets connectés reproduisent l’effet Waouh que l’on a un peu perdu dans le commerce. Le client se dit « je n’aurais jamais imaginé le rôle que cet objet peut jouer dans ma vie au quotidien » ! L’exemple des ampoules connectées (Awox, Holî), est parlant. Montrer en boutique qu’avec un smartphone on peut gérer l’intensité lumineuse ou envoyer sa musique en Bluetooth, fait mouche auprès du consommateur car il découvre de nouveaux usages.

Quel rôle jouez-vous auprès des start-up du secteur ?

Nous en accompagnons un grand nombre car elles génèrent de l’innovation. D’où notre programme « LICK Demodays » lancé avec la French Tech et Paris Région Lab : chaque jeudi, nous donnons une estrade à une jeune entreprise dans notre boutique de La Défense aux Quatre Temps. Six à neuf mois avant la commercialisation de son produit, elle peut ainsi présenter son prototype et recueillir l’avis des consommateurs sur le vif. Cette expérience lui permet d’affiner le positionnement-prix, le packaging, les usages, l’ergonomie, la destination (achat personnel ou cadeau). De plus, nous nous engageons à être la première enseigne à tester le lancement commercial dans nos dix-sept points de vente. Si l’expérience est positive, notre grossiste en objets connectés et smartphones (Extenso Telecom) peut prendre en charge la vente sur des réseaux de distribution en ligne ou des réseaux spécialisés classiques comme la Fnac, Darty, Boulanger, Carrefour… Par ailleurs, le ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique nous a demandé de créer un lieu d’exposition, au sein de Bercy, rassemblant tous les produits de la French Tech déjà commercialisés (ou qui le seront rapidement) pour démontrer la capacité française à développer ces objets.

Quelle catégorie émerge au sein de votre offre ?

Les produits du bien-être suscitent beaucoup d’intérêt comme les bracelets connectés, les trackers. Ceux du secteur de la santé vont monter en puissance car nous allons disposer de données plus précises et plus pertinentes. Récemment, nous avons noué un partenariat avec le premier groupement français de pharmacies, PHR, pour l’accompagner dans le cadre de la création d’une nouvelle enseigne baptisée « Ma pharmacie référente » : cette officine 2.0 possédera un corner autour des objets connectés, fournis par LICK. Notre but est d’explorer le secteur de la santé grâce aux conseils du pharmacien, à sa faculté d’expliquer la valeur-ajoutée de ces produits dont le bénéfice d’usage n’est pas perceptible sur le packaging au premier coup d’œil. Pédagogie et démonstration conditionnent, en effet, la vente de tels objets.

Qui sont les clients de LICK ?

Le public est large, du jeune geek attiré par la nouvelle caméra RE de HTC, à l’adulte qui voit dans l’objet connecté un moyen de simplifier son quotidien. Tout un chacun peut être séduit par les thermostats de Nest ou de Netatmo (permettant de gérer la consommation d’énergie à distance), les détecteurs de fumée intelligents, les systèmes de sécurité « plug and play »… C’est la raison pour laquelle nous sommes implantés dans des grands centres commerciaux car nous voulons être en contact avec le grand public. Nous pensons aussi aux enfants à qui nous proposons des jeux interactifs de réalité augmentée. A Noël, nous avons commercialisé le premier casque de réalité virtuelle, le LICK VR Cardboard à monter soi-même, pour 24,90 euros. Ce produit a été conçu en interne avec notre cellule de création car nous voulons démocratiser la réalité virtuelle à petits prix en offrant au grand public des centaines d’applications gratuites.

Un réseau dédié aux objets connectés est donc devenu incontournable ?

Il s’est vendu plus d’un milliard deux cents millions de smartphones l’année dernière. On prévoit plus de 50 milliards d’objets connectés à l’horizon 2020. Or, il n’y a pas de référent hormis les Apple Stores. De son côté, la grande distribution souhaite, certes, créer de la valeur sur ces nouvelles catégories de produits mais elle ne possède pas l’expertise nécessaire. A ce titre,
notre métier consiste à l’éduquer et l’accompagner. Car si vous mettez ce type de produits dans un linéaire sans théâtralisation ni formation, c’est l’échec assuré.

Quel est votre feedback sur l’édition 2015 du Consumer Electronics Show (CES) ?

Nous avons assisté à un foisonnement d’idées, de concepts, de prototypes autour de l’objet connecté, généré par des entreprises expérimentées. Ces start-up, organisées, adoptent une démarche progressive d’arrivée sur le marché avec des campagnes lancées sur des plateformes de financement participatif comme Kickstarter ou Indiegogo. Issues d’horizons différents (écoles de commerce, ingénieurs hardware, logiciels, développeurs d’applications, designers), elles privilégient le travail d’équipe et jouent sur la complémentarité des filières. Ces entreprises mettent en place des processus d’itérations très rapides pour valider leurs concepts. Elles sont néanmoins face à deux grands défis. Le premier porte sur la connaissance des métiers de l’industrialisation et de la fabrication. Ces compétences se trouvent beaucoup en Asie, ce qui exige des moyens capitalistiques importants. Le deuxième challenge concerne le choix des canaux de distribution, la mise en place des process nécessaires à la réussite du lancement commercial, la détermination des structures de marges. Lors de ce dernier CES, soulignons, par ailleurs, que la France a été la première délégation en objets connectés, ce qui témoigne clairement de l’expertise logicielle hexagonale, dotée d’une forte ingénierie.

Quelles sont, selon vous, les entreprises référentes sur ce marché ?

La société française Parrot et ses mini drones à prix accessibles ont reçu un bon accueil du public. L’entreprise Withings, aussi, dans le domaine du bien-être avec ses balances connectées, ses capteurs d’activité, ses tensiomètres. Sur le secteur de la santé, Visiomed dont la gamme de produits est impressionnante, a bien appréhendé les attentes du consommateur. Je pense que cette entreprise va continuer à se développer en proposant une offre plus large autour de la santé connectée. Des start-up comme Prizm ou Meg sont aussi intéressantes. Meg, par exemple, commercialise un nouveau petit capteur que l’on met directement sur la plante.

Quel est votre parcours personnel de chef d’entreprise ?

Après une formation d’ingénieur de traitement du signal et du son, j’ai démarré dans les télécoms à vingt-trois ans. Ma première entreprise a été créée en 1998 avec l’aide d’un « business angel » et 12 000 euros. J’ai déposé mes brevets pour concevoir le premier standard de technologie de sonnerie de téléphone portable personnalisable. Cette société a été revendue à un groupe japonais pour une trentaine de millions d’euros afin de créer une nouvelle entreprise, Modelabs, sur le marché des accessoires de téléphones traditionnels (étuis, chargeurs…). En 2011, j’ai cédé ces activités pour une centaine de millions d’euros et j’ai créé le groupe Innov8 dans le but de développer le marché connecté avec des activités de conception, de grossiste et retail.

Quels conseils donneriez-vous à une start-up qui s’engage sur le marché des objets connectés ?

Il faut être « consumer-oriented », tourné vers l’évolution des comportements d’achat, des modes de consommation pour arriver à déceler les usages de demain. Les grands succès sont portés par une vision de la société, même si je vois beaucoup de beaux projets initiés par des équipes d’ingénieurs. Il est primordial de coller aux attentes du consommateur pour valider son idée auprès du grand public en termes de positionnement-prix, de pertinence de marché, de canaux de distribution. Mais ce n’est pas facile de rassembler toutes ces expertises. Entrepreneur, c’est un mouton à cinq pattes !

©Innov8-Lick