Shopopop

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Interview de Johan Ricaut, co-fondateur de Shopopop
15 mars 2020

Il y a Blablacar, qui a démocratisé les déplacements payants entre particuliers. Aujourd’hui, il y a Shopopop, qui permet de faire ses courses en ligne et de se les faire livrer par un autre particulier : celui-ci récupère les achats en drive et les apporte au domicile du client, contre une petite rémunération. Voici la livraison collaborative !
Tous les détails avec Johan Ricaut, cofondateur de Shopopop.

Pouvez-vous nous raconter la genèse de votre entreprise ?

Antoine Cheul, cofondateur de Shopopop, qui a travaillé en Inde, a découvert là-bas un modèle de livraison surprenant : ceux que l’on appelle les Dabbawallah, livrent des lunchbox aux particuliers, au sein des entreprises notamment. Le système, basé sur des symboles et une grande proximité géographique, est très répandu dans le pays. En rentrant en France, lui et moi avons commencé à étudier le marché du drive alimentaire. Nous avons constaté que la plus grande problématique était celle du dernier kilomètre. En nous inspirant de Blablacar, Antoine et moi-même avons eu l’idée d’axer notre développement sur la livraison collaborative. C’est ainsi que nous avons fondé Shopopop en septembre 2016. Aujourd’hui, nous sommes trente et un collaborateurs. Notre siège se trouve à Nantes.

Comment ça marche ?

Shopopop compte à ce jour 780 commerçants partenaires répartis sur la quasi-totalité des départements français : parmi eux se trouvent des grandes enseignes comme Intermarché, Leclerc, Leroy merlin, Système U, par exemple. Nous travaillons aussi avec Bocage, Décathlon, Eram, Le Jardin des Fleurs, Monceau Fleurs, avec plusieurs cavistes, entre autres. Concrètement, le client effectue une commande sur l’un de ces sites partenaires, et crée une annonce. D’autres particuliers sont informés de la requête (ils sont géolocalisés). En fonction de leur position (pouvant correspondre à leur trajet domicile-travail ou à leur voisinage) ils acceptent la commande, vont récupérer les produits en magasin, et les livrent au domicile de la personne. Notre promesse est simple : on peut livrer les clients dans la journée, voire sous quelques heures ! Et ce, en nous affranchissant d’un modèle logistique compliqué.

Comment sont rétribués vos « shoppers » ?

Le client paie directement sa livraison au magasin, soit entre 9 et 10 euros en fonction des enseignes. Environ 80 % de cette somme reviennent au livreur, aussi appelé « shopper ». Le minimum de dédommagement est fixé à 5 euros. La somme évolue en fonction du temps et de la distance à parcourir. En zoneurbaine, la distance est plus courte qu’en zone rurale, mais, en moyenne, le temps de livraison n’excède pas vingt minutes. Les gratifications aux shoppers ne sont en aucun cas un salaire à part entière, mais un petit complément ; on reste dans le collaboratif.

Quel est le profil des shoppers ?

Il est très variable. Il peut s’agir de personnes ayant un peu de temps libre, comme des étudiants ou des jeunes retraités. On compte aussi des actifs qui profitent de leur trajet quotidien entre le domicile et le travail pour faire une livraison. Aujourd’hui, un shopper fait entre 6 et 7 livraisons par mois.

Comment vous assurez-vous de leur fiabilité ?

À leur inscription, les shoppers laissent une photocopie de la carte d’identité ainsi que leurs coordonnées bancaires. De plus ils doivent respecter notre charte : la ponctualité, le sourire, le respect, ce qui leur permettra de recueillir des avis favorables. Chacun s’engage à livrer les courses en main propre et à la porte du logement de la personne. Après les courses, chacun laisse des commentaires justes et objectifs. C’est la force de notre communauté.

Quelle est votre ambition pour l’avenir ?

Si nous bénéficions désormais d’une réelle reconnaissance auprès des commerçants, des grandes enseignes, nous devons renforcer notre notoriété auprès du grand public. À travers ce nouvel usage, en effet, nous souhaitons créer un standard de livraison, avec des engagements de qualité, de performance, pour répondre aux problématiques des professionnels et des consommateurs finaux. Nous sommes convaincus que notre modèle fait sens grâce à l’optimisation des flux. De plus, les valeurs que nous défendons répondent aux enjeux sociétaux, environnementaux et économiques. On veut donc consolider cet usage en France et le dupliquer sur d’autres pays.

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