Pierre Louis Veil – Valery Drouet

Manecho

Pierre Louis Veil et Valery Drouet

Photo et stylisme culinaire : rencontre avec Pierre-Louis Viel et Valéry Drouet, un duo professionnel très créatif !
4 septembre 2015

Respectivement photographe et styliste culinaire, Pierre-Louis Viel et Valéry Drouet forment un duo créatif, unique et chaleureux. Nous les avons rencontrés aux fourneaux, dans leur studio-cuisine de Bagnolet.

Situé dans une ancienne usine de plastique, le studio-cuisine n’est pas un lieu comme les autres. Dès le début de matinée, un fumet plus qu’appétissant s’échappe de la cocotte en ébullition. Le four est allumé, les herbes fraîchement découpées. Quatre plats sont au menu aujourd’hui. Ils viendront intégrer le prochain opus de gueuletons, une collection de livres de recettes éditée par Mango, entièrement conçue par notre duo et déjà en passe de devenir un classique de nos bibliothèques familiales.
La séance peut commencer !

Le binôme

Après l’école hôtelière, Valéry Drouet commence sa carrière dans des restaurants à Paris, Londres, Beaulieu-sur-Mer, Rouen. Il souhaite ensuite devenir styliste culinaire pour, notamment, réaliser des livres de cuisine afin de partager ses recettes. De son côté, le photographe Pierre-Louis Viel, spécialisé dans la nature-morte et l’accessoire de mode, veut se rapprocher de la gastronomie. Ensemble, ils vont développer une image brute, plus masculine que ce qui se fait habituellement dans le milieu du stylisme culinaire, traditionnellement féminin. Un binôme qui dure depuis dix-sept ans !

Le studio-cuisine

Notre lieu est équipé comme une cuisine. Nous possédons différents plats, des cocottes, des assiettes, des verres. Nous avons accumulé des tissus, des céramiques, de la vaisselle chinée dans les brocantes, des morceaux de bois vieilli, des plaques d’ardoise… Cet endroit est suffisamment grand pour stocker ce qui nous plaît, ce qui nous inspire pour faire nos choix de stylisme et de mise en scène. Nous sommes parfaitement autonomes !

L’univers

La gastronomie multiplie les niches, les micro-concepts, le gluten, le sans viande, les tendances éphémères, comme par exemple, les pop cakes (gâteau en forme de sucettes), les mignardises… Avec des présentations soignées, des petites fleurs… Ce n’est pas notre truc. On aime la cuisine simple, développée par la jeune génération de chefs qui ouvrent des petits restaurants de vingt-cinq à trente places. Ces types ne courent pas après les étoiles, refusent les contraintes des guides, la sophistication… Et ce qu’ils créent est aussi intéressant que ce que réalisent les grands chefs. On aime ce qui dure, des recettes denses, de tous les jours, sur un décor brut, du bois, du béton. Des rôtis, de la volaille, des pâtes…

Du simple avec des bons produits

Les burgers, la plancha (poisson et viande), les pâtes, les patates… Si on traite les légumes, on proposera, par exemple, des légumes anciens, d’été, d’hiver, des choux en tagines ou gratins… Nous faisons toujours attention au fait que chacun puisse se procurer aisément les ingrédients, partout en France. Pas question de dresser une liste de choses qu’on ne trouve que dans des lieux sélects. On n’exige pas non plus du lecteur qu’il s’équipe d’un dictionnaire pour comprendre nos explications !

L’édition, la presse…

Nous collaborons étroitement avec les éditions Mango. Avec leur équipe, nous avons créé la maquette des bouquins, le concept. Nous sommes force de proposition pour faire vivre la collection des gueuletons.
Larousse et Hachette sont aussi nos clients. La presse fait également appel à nos compétences, comme les magazines culinaires Cuisine et vins ou Saveurs. En publicité, notre travail est différent car les photos destinées à l’affichage ou aux campagnes de communication, comme pour McDo, par exemple, répondent à un cahier des charges et des codes très précis, laissant peu de place à l’improvisation.

Fourneaux et shooting

Valéry Drouet fait les courses, cuisine, tandis que Pierre-Louis Viel shoote. Mais quand le premier élabore ses recettes, il pense toujours « photo ». Il ne faut pas que les morceaux de viandes, par exemple, soient coupés trop petit. L’ensemble doit être visuellement parlant. Pierre-Louis Viel travaille beaucoup à la lumière naturelle. La mise en scène est authentique, contrairement à ce qui pouvait se faire dans le passé.
Il y a dix ans, les photos étaient léchées, sans miette, sans plat entamé, dans un environnement propre, les plats étaient nettoyés à fond avant d’être shootés… Aujourd’hui, c’est différent, on va présenter une terrine entamée avec le couteau qui a servi à la trancher à côté. On peut montrer les épluchures sur un papier journal…
Tout le monde se reconnaît dans nos présentations, ce qui n’empêche pas qu’elles soient esthétiques et agréables à regarder. Nos couleurs sont naturelles.
Nous construisons l’assiette visuellement, avec des aliments en nombre impair car c’est plus facile à composer. Mais on ne travaille pas à la pince à épiler. Il faut aller relativement vite car au bout d’un certain temps, les aliments n’ont plus de tenue. On se concentre toujours sur le contenu du plat. Après on choisit la bonne céramique, le torchon, en fonction de l’aspect des aliments. Mais l’accessoire reste toujours en arrière-plan. L’idée maîtresse est de saisir un instant, un instant de vie. Notre truc est de nous faire plaisir et surtout, de faire plaisir aux autres !

©Pierre-Louis Veil – Mango